Article Libération
Les infirmières paralysent le système danois :
Grève . Les revendications salariales mobilisent près
de 50 000 employés du secteur hospitalier. La Suède suit.
Intérim à Stockholm (Suède) SÉBASTIEN BUFFET
QUOTIDIEN : vendredi 2 mai 2008
Depuis 2 semaines, le si fameux Etat-providence danois
marche au ralenti. Près de 50 000 employés du secteur de la santé et de
l’aide à la personne sont en grève. Des femmes, en grande majorité, qui
réclament des hausses de salaire.
Ecarts de salaires. Au Danemark, le salaire moyen d’une infirmière du
secteur public est aujourd’hui de 24 000 couronnes (3 200 euros).
Mi-février, les partenaires sociaux s’étaient retrouvés autour de la table de
négociation pour entériner une nouvelle convention collective. «Les
employeurs ne nous ont concédé qu’une augmentation de 12,8 % sur trois ans.
Nous réclamions 15 %», résume Erik Harr, de la Confédération de la santé
(13 000 grévistes, dont 10 000 infirmières). Les syndicats réclament
également la création d’une commission salariale censée réduire les écarts de
salaires entre hommes et femmes d’une part, salariés du public et du privé, de
l’autre.
Car si le petit royaume scandinave est souvent mis à
l’honneur pour la générosité de son Etat-providence, les nombreuses femmes
employées du secteur public qui composent sa colonne vertébrale ne sont pas
toujours aussi chanceuses qu’on ne le croit… A niveau de formation égal, leurs
collègues du privé gagnent 27 % de plus, selon Erik Harr.
«Nous sommes prêts à une grève longue. Sept ou huit
semaines», prévenait
mi-avril la Fédération des employés du secteur public (FOA), dont 35
000 membres ont cessé le travail. Et pour l’instant, sondages à l’appui,
l’opinion publique soutient toujours le mouvement. Le Premier ministre danois,
Anders Fogh Rasmussen, à la tête d’une coalition libérale conservatrice, se
contente pour le moment d’observer le conflit… Mais si celui-ci venait à
s’éterniser, au risque de mettre la vie de patients en jeu, le gouvernement
serait sans doute contraint de légiférer.
Qualification. Le mouvement danois a-t-il inspiré son voisin suédois
? Depuis le 21 avril, à Stockholm, les infirmières sont également en
grève. Elles sont environ 3 400 à manifester leur mécontentement face à leur
faible rémunération, qui ne refléterait pas leur qualification universitaire.
Et réclament une augmentation mensuelle de 1 700 couronnes suédoises pour
2008, et autant pour l’année prochaine. Leur salaire minimum s’élève
aujourd’hui à 20 000 couronnes mensuelles (2 140 euros).
Dans une cinquantaine d’hôpitaux, des salles d’urgence
ont dû être fermées et des opérations annulées. Loin de s’essouffler, la grève
pourrait prendre de l’ampleur dès lundi, quand 3 500 infirmières
supplémentaires rejoindront le mouvement de protestation.
Il y a dix jours, le collectif Löneupproret («Révolte pour les salaires») remettait au Parlement suédois une liste de 30 000 noms soutenant les revendications salariales des infirmières. Près de 10 000 d’entre elles, affiliées au collectif, menacent tout simplement de démissionner la semaine prochaine si leur cause n’est pas entendue